par Marlène Bouillon, Dt.P., Ph.D.,
Nutritionniste-Diététiste et docteure en physiologie/endocrinologie, Directrice scientifique
La prise en charge de la santé mentale se concentre souvent que sur l’amélioration des symptômes psychologiques et comportementaux. Pourtant, les évidences s’accumulent quant aux ennuis de santé dans son ensemble chez les individus atteints de schizophrénie et de troubles bipolaires, par exemple.
Chez les individus atteints de schizophrénie, la mortalité prématurée liée aux causes cardiovasculaires est deux fois plus importante. Les maladies métaboliques sont largement surreprésentées, et pourtant, leur prise en charge est souvent moins bonne que celle proposée à la population générale.
Encourager l’activité physique s'avère donc un outil thérapeutique essentiel, d’autant plus que le manque d’exercice est un facteur de risque modifiable!
Chez les individus atteints de schizophrénie, la sédentarité serait en moyenne de 2 à 3 heures supérieure à celle observée dans la population générale, notamment en raison des symptômes. À cela s’ajoutent l’impact de la médication, notamment les antipsychotiques, et leurs conséquences métaboliques.
Maintenant que la table a été mise sur l’importance du pourquoi, voyons le comment!
Plusieurs études martèlent l’importance de l’encadrement pour maintenir la motivation, notamment chez les individus ayant fréquemment une diminution/perte de la volonté d’agir ou une coupure avec la réalité.
En Amérique du Nord, on retrouve des programmes en attente d’approbation dont InSHAPE (Self Health Action Plan for Empowerment) et KBIM (Keeping the Body In Mind). Ces programmes proposent la reprise d’une activité adaptée et guidée par un professionnel ainsi que des changements notables des habitudes de vie et alimentaires. Le tout renforcé par une psychothérapie.
Les résultats obtenus concernent autant la santé physique et psychique, que la qualité de vie ou le fonctionnement cognitif.
Quelques études rapportent une amélioration des capacités cardiorespiratoires, notamment une augmentation de la capacité maximale aérobie (VO2 max) chez les individus atteints de schizophrénie.
Selon une revue systématique, on peut obtenir en 12 semaines un effet de prévention des troubles métaboliques des antipsychotiques. Lors de chaque séance de 20 à 40 minutes en continu, on vise l’atteinte de 50 à 60 % de la fréquence cardiaque maximale.
De nombreuses études mentionnent également les bienfaits de l’activité physique en ce qui concerne la dépression uni- ou bipolaire.
L’exercice est également associé à une amélioration du sentiment d’efficacité personnelle et de la qualité de vie chez les personnes vivant avec la schizophrénie ou des troubles de l’humeur.
Quelques études confirment la réduction des symptômes dans le trouble panique, l’anxiété généralisée et l’état de stress post-traumatique.
En ce qui concerne les femmes atteintes d’anorexie mentale, la « réhabilitation physique supervisée » par un éducateur ayant des compétences médicales et sportives aiderait à la reprise du poids.
Enfin, plusieurs études ont permis de mettre en évidence que l'activité physique se traduit par l'augmentation de neurotransmetteurs, dont la sérotonine (propriétés antidépresseurs) et l'endorphine (responsable de la sensation de bien-être), surtout si la pratique se fait en plein air.
Plus globalement, le bénéfice de l’activité physique serait lié à son action anti-inflammatoire au niveau du système nerveux central. Par exemple, une forte inhibition du TNF-alpha par les catécholamines (composés jouant le rôle d'hormone ou de neurotransmetteur) produites lors d’un exercice modéré à intense (65-70 % de la capacité maximale) pendant 20 minutes. Cet effet contrebalancerait ceux de l’inflammation chronique de bas grade présente au niveau du système nerveux central.
Lectures complémentaires suggérées :
https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/2037_bouger_sante_mentale.pdf
https://lemedecinduquebec.org/archives/2022/8/sante-mentale-l-activite-physique-nbsp-un-peu-est-parfois-tres-bien/
https://www.esantementale.ca/Ontario/Activite-physique-et-sante-mentale-Informations-pour-les-adultes/index.php?m=article&ID=69834
https://aqmse.org/les-effets-de-lactivite-physique-sur-la-sante-mentale/
https://eksap.umontreal.ca/2021/05/05/le-sport-cest-bon-pour-la-sante-mentale/
https://minds-ge.ch/2019/01/28/66-facons-de-bouger-pour-votre-sante-mentale/ (source de l’image)
https://www.nutrisimple.com/fr/chroniques/activit%C3%A9-physique-parce-qu-entra%C3%AEner-son-cerveau-pourrait-att%C3%A9nuer-le-risque-de-d%C3%A9pression/
En résumé, cet outil reflète bien que la santé mentale requiert une bonne santé globale. Il est connu que la sédentarité observée en présence de problématiques de santé mentale s’accompagne souvent d’une alimentation déséquilibrée et de tabagisme. Donc, il faut travailler sur l’ensemble des saines habitudes de vie, autant l’alimentation que le fait de bouger.
Les nutritionnistes-diététistes clinicien.ne.s sont là pour vous aider à mieux gérer le volet nutrition des comorbidités associées et pour prévenir les carences qui pourraient aggraver les symptômes d'une problématique de santé mentale.
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