Connaissez-vous réellement les troubles du comportement alimentaire et les troubles alimentaires non spécifiés ?

par Marlène Bouillon, Dt.P., Ph.D., Nutritionniste-Diététiste et docteure en physiologie/endocrinologie, Vice-présidente et directrice scientifique

Non seulement on attribue une étiquette féminine aux troubles alimentaires, mais on résume le tout à des caprices, enfantillages. Bref, on minimise ce que vit la personne! Pourtant, l'étiologie est multifactorielle et les conséquences nombreuses, voire graves:

« (...) dans beaucoup de cas, un trouble alimentaire n’a aucun rapport avec la nourriture, si ce n’est que celle-ci sert d’exutoire à un mal qui dévore celui ou celle qui en souffre. » *

Ce n'est ni banal ni une question de nourriture et de sexe féminin. De même, il y a bien plus que l'anorexie mentale dans les troubles du comportement alimentaire spécifiques. La boulimie et l'accès hyperphagique ont d'ailleurs une prévalence plus élevée que l'anorexie mentale.

De plus, il y a tous les autres types comme l'orthorexie, la bigorexie ou dysmorphie musculaire, le syndrome d'hyperphagie nocturne, les compulsions alimentaires, les troubles du comportement alimentaire restrictifs ou évitants ainsi que le PICA et le mérycisme.

Enfin, ces troubles peuvent se développer dans l'enfance, à l'adolescence, chez les jeunes adultes, chez l'adulte, voire la personne âgée. On peut même voir un trouble en dormance chez une femme adulte refaire surface lors de la ménopause!

Ce qui n'est pas négligeable et infiniment triste: on peut mourir des complications associées à l'anorexie mentale ! La littérature est moins claire sur ce point pour les autres troubles spécifiques.

Raison de plus de ne pas minimiser la souffrance et de briser l'isolement!

« Un trouble alimentaire, c’est comme l’image d’un iceberg. Ce qu’on voit, ce qui est visible, ce sont des symptômes apparents, mais en dessous de tout cela, il y a énormément de souffrance. »
— Jérôme Tremblay, sexologue et coordonnateur clinique chez ANEB Québec

D'ailleurs la campagne 2021 de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles des conduites alimentaires avait pour thème « Éduquer pour prévenir », ce que je trouve fort d'à propos.

Il convient en effet de reconnaitre et de comprendre pour prévenir, démystifier, abolir les préjugés et éviter de stigmatiser une personne vivant un tel trouble.

Si vous ou un proche vivez avec un trouble du comportement alimentaire, demandez de l'aide. Consultez l'un.e de nos nutritionnistes cliniciens.nes et un.e psychologue spécialisé.e en troubles alimentaires.

Lectures complémentaires:
https://anebquebec.com/troubles-alimentaires
https://nedic.ca

Références
Sullivan, P. (2002). Course and outcome of anorexia nervosa and bulimia nervosa. In Fairburn, C. G. & Brownell, K. D. (Eds.). Eating Disorders and Obesity (pp. 226-232). New York, New York: Guilford.

http://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/vers-un-traitement-de-l-anorexie/?fbclid=IwAR3qiaNaz4p5zXa-xQzWQahmJd1PkNYg6Szo8zslvjl0Z-W1MeZOZt83MjE
https://troublesalimentaires-02.com/statistiques
https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/Gscdepot/edu1031/8/edu1031_8_d02.pdf
https://www.cunea.fr/sites/default/files/ecn69.pdf
https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-mentaux/troubles-des-conduites-alimentaires/présentation-des-troubles-des-conduites-alimentaires
https://aqpamm.ca/les-troubles-alimentaires/
https://www.lavoixdelest.ca/actualites/troubles-alimentaires--un-mal-qui-devore-par-en-dedans-77b060655b5e0a677e74473d9e626fec *
https://www.protegez-vous.ca/nouvelles/sante-et-alimentation/troubles-du-comportement-alimentaire